Stop ! Ne touchez pas à nos retraites !
Les 22, 23 et 24 janvier, le Parti ouvrier indépendant a tenu son IIe Congrès à Paris.
Il lance un appel aux travailleurs, militants et jeunes de toutes tendances : Le gouvernement a décidé d’en finir avec le système de retraites conquis en 1945. Après les « réformes » de 1993, 2003 et 2007, il engage toutes ses forces pour finir le travail. Il invoque comme argument la nécessité de résorber l’endettement public et il a mis officiellement la question des retraites à l’ordre du jour de la conférence gouvernementale sur les déficits publics convoquée fin janvier. Il veut imposer les retraites par capitalisation, individualisées, alors que, dans les pays où existent ces systèmes, les fonds de retraite par capitalisation ont perdu au total 5 400 milliards de dollars dans la dernière période, spoliant des millions de retraités.
C’est une déferlante. Patronat, gouvernement et même dirigeants des partis de l’opposition, tous sont d’accord sur un point : la « réforme » des retraites est urgente. Au nom de « l’intérêt général » et de la « nouvelle gouvernance », le Medef et le gouvernement ont commandé un rapport au Conseil d’orientation des retraites (COR). Objectif : engager une nouvelle contre-réforme pour détruire la retraite par répartition, les régimes particuliers et spéciaux, le Code des pensions civiles et militaires, la CNRACL, l’IRCANTEC.
On nous parle d’endettement public ? 420 milliards d’euros ont été offerts aux patrons en 2009 au prétexte de lutter contre la crise. A quoi ont-ils servi ? La presse capitaliste (Les Echos) le reconnaît : 2009 fut « une parenthèse enchantée » pour les banquiers et les spéculateurs, qui ont utilisé ces sommes gigantesques pour spéculer. 2009, ce furent aussi plus de 700 000 emplois industriels détruits et des dizaines de milliers supprimés dans le secteur public ! Et ce fut aussi le blocage des salaires pour toute la classe ouvrière ! Pour 2010, on nous annonce à nouveau des centaines de milliers d’emplois détruits, le chiffre dramatique de plus d’un million de chômeurs arrivés en fin de droits et une extension de la précarisation de la classe ouvrière et de la jeunesse.
Et il faudrait maintenant accepter une nouvelle attaque contre nos retraites ?
Travailleurs, les « arguments » avancés pour justifier la contre-réforme des retraites sont autant demensonges. • On nous dit :
« Il y a un problème de financement pour les retraites. »
Mensonge ! Des chiffres sont avancés. On parle de 10 milliards d’euros, voire 25 milliards d’euros, qui manqueraient pour 2009. Mais dans la seule année 2008, les exonérations de cotisations de Sécurité sociale offertes aux patrons se sont élevées à 30,7 milliards d’euros. En 10 ans, ce sont 269 milliards d’euros qui ont ainsi été offerts aux patrons, prétendument pour l’emploi, alors qu’ils n’ont jamais autant licencié, privant ainsi de cotisations les caisses de Sécurité sociale. Que l’on interdise les licenciements et que l’on restitue l’argent des exonérations à la Sécu, le problème du « déficit » ne se posera plus.
• On nous dit :
« L’espérance de vie augmente, il est normal de travailler plus longtemps. » Mais l’augmentation de l’espérance de vie est le produit des conquêtes sociales, et en particulier de la Sécurité sociale de 1945. Faudrait-il revenir au début du siècle dernier, quand la plupart des travailleurs mouraient avant de partir à la retraite ? Tout lemonde sait que l’allongement de la durée du travail va diminuer l’espérance de vie. De plus, les deux catégories les plus touchées par le chômage sont les plus de 50 ans et les jeunes, pour qui l’embauche est de fait bloquée.
• On nous dit :
« Il faut rapprocher le public et le privé au nom de l’équité. » Mais jusqu’en 1993 (réforme Balladur-Veil), la durée de cotisation pour bénéficier d’une retraite à taux plein était la même pour tous : 37,5 annuités. Les régimes spéciaux et le Code des pensions civiles et militaires sont liés aux statuts des personnels et au statut de fonctionnaire. Quand la Sécurité sociale a été créée en 1945, ils ont été délibérément maintenus comme référence pour tirer vers le haut tous les régimes de retraite par répartition. Au nom de quoi faudrait-il accepter de tirer vers le bas le Code des pensions et les régimes spéciaux ?
Sur la base de ces mensonges, une opération d’union sacrée est en marche. Le Premier ministre, Fillon, qui bénéficie d’ores et déjà du soutien de la direction confédérale de la CFDT, se félicite de ce que les dirigeants des principaux partis de l’opposition (« de gauche ») revendiquent eux-mêmes une réforme des régimes de retraite.
Fillon évoque un « pacte républicain ». Mme Parisot, présidente du Medef, déclare que, sur cette base, un accord peut être trouvé entre toutes les parties concernées sur une contre-réforme des retraites.
Martine Aubry, premier secrétaire du Parti socialiste, a fait connaître le 17 janvier 2010 sur RTL son accord de principe sur la constitution d’une commission PS-UMP chargée de définir la contre-réforme (provoquant de vives réactions au sein même de son parti).
Les députés du Parti communiste et du Parti de gauche ont exigé « une réforme profonde du financement des retraites » (le 21 janvier). Le Monde s’est empressé de titrer « Les syndicats sont contraints de se positionner plus vite que prévu » (21 janvier 2010). C’est clair : les partisans de la contre-réforme veulent créer les conditions d’un consensus dans lequel les organisations syndicales participeraient à la remise en cause des régimes de retraite.
Nous disons : non. Les retraites ouvrières n’ont pas été créées pour renflouer patrons et spéculateurs ! Ce ne sont pas les régimes de retraite, c’est le système capitaliste qui fait chaque jour la preuve de sa faillite. C’est l’Union européenne et le gouvernement Sarkozy qui font la preuve de leur faillite.
L’urgence est à l’unité pour dire clairement : « Ne touchez pas à nos retraites ! » Il revient aux organisations ouvrières de s’opposer à toute nouvelle contre-réforme remettant en cause le régime général des retraites, les régimes particuliers, le Code des pensions civiles et militaires. Si le Parti ouvrier indépendant estime, pour sa part, qu’il s’agit non seulement de bloquer la contre-réforme qui s’annonce, mais également de reconquérir les conditions anciennes, il n’en fait pas un préalable à la proposition d’unité. Il est un point sur lequel chacun et tous peuvent s’unir : aucune nouvelle attaque, aucune aggravation de la situation, refus du piège du « consensus » et de la prétendue négociation d’une contre-réforme destructrice.
APPEL
Nous, signataires, disons à tous les dirigeants des partis qui se réclament du mouvement ouvrier : aucune participation à la commission chargée d’élaborer la contre-réforme.
Nous sommes convaincus que si les confédérations syndicales refusent le piège du consensus et la prétendue négociation d’une contre-réforme destructrice, ce refus interdirait au gouvernement de faire passer ses projets contre nos retraites.
Nous en appelons au refus du consensus !
Nous en appelons à l’unité pour dire :
ne touchez pas à nos retraites !
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