Compte rendu de la conférence qui s'est tenue le 26 novembre 2010 dans les Alpes Maritimes.
Depuis un mois, par petits groupes, plusieurs dizaines de salariés se sont réunis autour d’Informations Ouvrières, à Nice et à Sophia-Antipolis, pour préparer la conférence nationale du 11 décembre.
Une conférence départementale a eu lieu le 26 novembre, qui a rassemblé 21 salariés et syndicalistes du privé et du public : Amadeus, Association Départementale de Sauvegarde de l’Enfance et de l’Adolescence, CNRS, Education Nationale, Faceo, France 3 Côte d’Azur, France Telecom, Hôpital, IME Henri Matisse, Schneider, Sopra, Thalès Alenia Space, Visteon.
Une large discussion s’est engagée. Nous en reproduisons ici quelques extraits :
- Dans l’enseignement, on a eu l’expérience de 2003. On avait fait 6 semaines de grève et la CFDT nous a lâché. Elle a signé la réforme avec le gouvernement. Aujourd’hui, c’est la CFDT qui oriente les positions de l’intersyndicale nationale. Pourquoi la direction de la CGT a-t-elle accepté de suivre la CFDT pour dire : pas d’appel national à la grève interprofessionnelle pour le retrait du projet de loi, pas d’appel au blocage économique du pays ? Chérèque se félicite de l’amendement du Sénat pour la retraite par points, c’est-à-dire un nouvel effondrement du niveau des pensions et la fin du Code des pensions civiles et militaires. En haut, ils ne veulent pas aller jusqu’au bout. Alors, comment peut-on faire ?
- Il y a un accord CGT-CFDT depuis leur position commune avec le MEDEF sur la représentativité syndicale. Fillon vient à nouveau de saluer la loi du 20 août 2008 sur la représentativité comme « la clé d’un nouveau réformisme social ». Je suis dans la métallurgie. Il y a plus de 2000 salariés à Cannes et nous sommes la première organisation syndicale avec 35% des voix. Mais comme on fait seulement 8% au niveau national, ils ont réussi à nous écarter. Sur la question des retraites, il y a eu le problème des journées d’action saute-mouton. On aurait du partir plusieurs jours d’affilé jusqu’au retrait.
- les médias jouent un rôle important. Je ne faisais pas de politique avant et je me suis laissée embarquer dans le vote pour le Traité de Maastricht . Ensuite, on a voté NON mais ils ont quand même fait ce qu’ils avaient décidé. Il y a un problème de démocratie. Depuis que je lis IO, je comprends les choses. Ce n’est pas pour faire de la pub, mais aucun autre journal ne nous explique cela. Les personnes qui ne sont pas averties n’ont pas le même regard, elles subissent la pression des médias. Je suis syndicaliste, mais quand j’ai vu Thibault et Chérèque dire qu’on n’avait pas gagné sur la revendication, mais qu’on avait gagné la bataille des idées, c’était la douche froide.
- C’est facile de dire que c’est la faute de la CFDT ou des dirigeants. Il y a un problème plus profond car beaucoup de gens n’étaient pas là. Il faut oublier les appareils.
- Je ne suis pas d’accord. Tout a été fait pour démobiliser. Pourtant, les salariés étaient présents par millions. Pourquoi Bernard Thibault n’a-t-il pas appelé à la grève pour le retrait, pour bloquer le pays ? Je ne sais pas. Je ne suis pas psychologue d’entreprise ou de syndicat. Mais les faits sont là. On ne peut pas oublier. Il faut des solutions pour résoudre ces problèmes.
- En 1995, on était 2 millions et on a fait reculer Juppé. Le 12 octobre, on était 3,5 millions et pourtant le gouvernement a maintenu son projet. On n’est pas passé loin d’un mouvement beaucoup plus important. Qu’est-ce qui a manqué ? En 1995, il y avait la poigné de main entre Vianet (CGT) et Blondel (FO) et des millions pour le retrait du plan gouvernemental. Aujourd’hui, il y a un accord entre Thibault et Chérèque.
- Dans mon entreprise, les collègues disaient : quand on nous appelle à la grève, on répond présent. Aujourd’hui, on est encore en grève et on est des millions. Alors qu’est-ce qu’ils font en haut ? Ils attendent quoi pour appeler à la grève générale ?
- Le 23 novembre, l’intersyndicale départementale a appelé à un rassemblement « Retraite aux flambeaux » avec lampions etc … Ils étaient 300 et le secrétaire départemental du syndicat a dit : « la faute repose sur celles et ceux qui n’ont participé à aucune action de résistance ». Je ne suis pas d’accord avec ça. Il y a eu une mobilisation énorme. Ils veulent éviter les questions embarrassantes : pourquoi ne pas avoir appelé à la grève générale, au retrait, au blocage économique du pays ?
- Plusieurs syndicats du département se sont battus pour le retrait. Et sous la pression de la masse, à un moment donné, ils ont du accepter de dire retrait. Au soir du 12 octobre, Aubry a du dire : retrait. Et le lendemain, elle s’est rétractée. Le 13 octobre, l’UD CGT appelait au retrait du projet de loi. Et le surlendemain, le mot d’ordre du retrait disparaissait à nouveau. La masse qui a déferlé le 12 octobre a fait bouger les lignes. Mais on est confronté à un problème. En haut, ils ne veulent pas du retrait. A partir de là, ils ne se donnent pas les moyens de gagner. Ca ne veut pas dire qu’on ne peut pas y arriver. Il faut être plus nombreux à nous battre pour définir clairement nos revendications, pour le respect de la démocratie dans nos organisations, pour le respect du mandat qui est confié par la base. Il faut que les salariés qui sont en grève, syndiqués ou non, puissent diriger leur mouvement pour éviter que ce soit Chérèque qui mène la barque.
- Chérèque dit : l’épilogue se jouera en 2012. Non, 2012 ne va rien régler. Le PS est pour l’allongement de la durée de cotisation. Bianco dit : il y aura du sang et des larmes. Et aucun député de l’opposition n’a déposé d’amendement pour exiger le retrait de la loi.
- Il faut faire un bilan pour répondre concrètement à la question : qu’est-ce qu’on fait maintenant ? Informations Ouvrières est un outil indispensable. Le journal a aidé des milliers de lecteurs à comprendre, à agir, à argumenter, à écrire aussi. Un camarade a évoqué la motion de sa Fédération syndicale. Quand un syndicat réunit ses syndiqués, quand il sort un communiqué qui est diffusé aux salariés et qui dit : « malgré l’immense mobilisation, le gouvernement a fait voté la loi et prévoit une nouvelle réforme pour imposer la retraite par point. Nous exigeons l’abrogation de la loi Woerth/Fillon/Sarkozy et nous refusons la retraite par point qui signifierait la fin de nos régimes et un effondrement des pensions », c’est quelque chose de très important. Lors de son discours d’investiture à l’Assemblée Nationale, Fillon a dit : nous allons continuer à réformer, nous allons « fixer les objectifs, le calendrier, la méthode (…) mais c’est aux partenaires sociaux d’en proposer et d’en définir les modalités et les outils », il faut dire clairement : non, nous ne négocierons pas de nouveaux reculs, nous n’acceptons pas de négocier dans le cadre fixé par le patronat, le gouvernement, l’Union Européenne, les marchés financiers. De haut en bas, ceux qui se sont prononcés contre le mot d’ordre de retrait du projet de loi refusent aujourd’hui de réclamer l’abrogation de la loi. C’est ça le problème. Si on veut préparer les conditions pour gagner, il faut s’expliquer et dire dès maintenant : abrogation de la loi Woerth et refus de la retraite par points !
- On ne pourra pas régler les problèmes au niveau local. Le POI a proposé une conférence nationale le 11 décembre, qui sera une conférence politique pour essayer d’apporter des réponses concrètes aux problèmes que nous discutons ici.
Un premier délégué est désigné, 214 euros sont collectés et 3 IO vendus.
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