Le Parti ouvrier indépendant organise dans tout le
pays en ce premier trimestre 2012 des assemblées débats,
en particulier avec les 103 candidats qu'il
présente aux élections législatives. Il vous invite à
venir discuter avec lui.
1.Dans quelle situation sommes-nous à trois mois
de l’élection présidentielle?
Le sentiment grandit que ce gouvernement et ce président qui
appliquent la politique de destruction dictée par la troïka (FMI,
Union européenne, Banque centrale européenne) pourraient bien
être contraints à quitter le pouvoir.Mais après ? Si le POI, avec des
millions de travailleurs, se prononce inconditionnellement pour
chasser ce gouvernement afin de chasser cette politique, on ne
saurait se contenter de remplacer un président par un autre qui,
pour rassurer lesmarchés financiers, continuerait à payer la dette
aux banques, à imposer la réduction des déficits publics et à
respecter toutes les exigences de la troïka qui veut démanteler
les conquêtes sociales et démocratiques arrachées par la lutte de
classe. Ce que veut le peuple, ce n’est pas suivre la voie empruntée
en Grèce, au Portugal, en Espagne, en Italie où des gouvernements
de toutes couleurs ou de « salut national »mettent en oeuvre
des politiques de destruction au service du capitalisme contre
les besoins de la population.
2.Quelle réponse ouvrière à la hauteur de l’offensive déclenchée
par le capital financier à travers ses agences de notation ?
L’immense majorité des travailleurs, des jeunes, des retraités,
des chômeurs ont été littéralement saisis en apprenant que
l’abaissement de la notation de la France par Standard and Poor’s
était justifié par cette officine de la classe capitaliste des Etats-Unis
au nom des « trop grandes rigidités du marché du travail et de la
nécessité d’assurer l’équilibre des finances publiques » en France.
Autrement dit : les droits, les garanties, le Code du travail, la
Sécurité sociale, les conventions collectives et les statuts arrachés
par la classe ouvrière et la démocratie. L’angoisse grandit de jour
en jour. Angoisse provoquée par la remise en cause de l’emploi,
des garanties sociales, du logement, de tous les droits arrachés
par les travailleurs depuis des décennies. Chacun comprend que
les «marchés », qui ont déjà mis à genoux la Grèce, saigné l’Italie,
l’Espagne, le Portugal, veulent faire basculer à son tour notre pays
dans l’abîme. Face à cela, peut-on considérer que les dispositions
annoncées par les directions des « partis de gauche » sont à la
hauteur de l’enjeu ? Leur refus de manifester la moindre volonté
de rompre avec le cadre imposé par le capital financier, celui de
« l’obligation du paiement de la dette », conduit les travailleurs –
en nombre de plus en plus grand, et quelle que soit l’attitude qu’ils
adopteront à l’élection présidentielle – à s’interroger : comment
faire front, sinon en s’attelant au rassemblement des travailleurs
et de la population laborieuse des villes et des campagnes, dans
l’unité, autour de leurs organisations, sur le terrain de la lutte de
classe ? Existe-t-il un autre moyen d’ouvrir une issue politique
conforme aux exigences fondamentales de la démocratie politique ?
3. Faut-il rembourser la dette ?
La réforme du financement de la Sécurité sociale, comme les
privatisations, les suppressions d’emplois dans les services publics,
les mesures de restructuration dans l’industrie, toutes les attaques
contre les droits ouvriers et démocratiques, sont prises,
prétendument, au nom de la dette et des déficits publics.
Mais est-ce la réalité ? A qui appartient la dette publique française ?
Elle est entre les mains de grandes sociétés d’assurance
et de banques, de groupes financiers français et étrangers.
Et on ose exiger des travailleurs et des jeunes qu’ils sacrifient
tout ce qui a été conquis par la lutte de classe au nom de la dette,
des déficits publics, alors qu’il s’agit exclusivement d’engraisser
les banquiers et les spéculateurs ! Depuis 2008, des milliers
de milliards d’euros ont été mis à disposition des banquiers,
des capitalistes et des spéculateurs qui les utilisent dans le seul but
d’accroître leur profit. Pendant ce temps, le chômage dépasse
les 10%. Le gouvernement s’attaque aux retraites, aux salaires.
900 usines ont été fermées en trois ans et 150 000 emplois
supprimés dans la fonction publique. En trente ans, 1 800 000
emplois ont disparu dans l’industrie de notre pays.
Il y a aujourd’hui près de cinq millions de chômeurs.N’est-ce pas
cette spirale qu’il faut briser ? N’est-ce pas avec cette politique
qu’il est urgent de rompre? Comment avancer dans cette voie ?
4. Est-il possible d’accepter de discuter dans le cadre de la réduction
du «coût du travail» ?
Les réactions, après l’annonce par les marchés financiers qu’ils
passaient à l’offensive contre la France, ont de quoi interpeller les
travailleurs et la jeunesse.D’un côté – c’est dans l’ordre des choses
– Sarkozy a ouvert son sommet social sous l’égide de la nécessaire
réduction du « coût du travail ». Au nom de quoi, il a annoncé des
mesures énergiques pour réformer le financement de la Sécurité
sociale. Reprenant les exigences du Medef, il prétend donc
introduire la TVA sociale, c’est-à-dire transférer à l’impôt le plus
injuste les milliards de cotisations dues par les patrons.Mais, il faut
bien le constater, de manière stupéfiante,Hollande et à sa suite tous
ceux qui s’élèvent contre la proposition de TVA sociale proposent
en guise d’alternative, au nom de la baisse du « coût du travail »,
une augmentation de la CSG, c'est-à-dire, là-aussi, le transfert
à un impôt qui, à près de 90%, est payé par les salariés.
Or CSG et TVA sociale répondent à une même logique : la remise
en cause du financement de la Sécurité sociale par les cotisations,
salariales comme patronales, qui sont dues par les patrons
et qui constituent le salaire différé. Il y a donc bien l’amorce
d’un consensus qui aboutirait à transférer le financement
de la Sécurité sociale vers un impôt, qui, lui, sous le contrôle
de l’Etat, deviendrait un instrument visant à étrangler purement
et simplement la Sécurité sociale de 1945.
5. Est-il possible d’accepter de réformer le financement
de la Sécurité sociale ?
Cela fait maintenant vingt ans, depuis la création de la CSG,
que les exonérations de cotisations patronales ne cessent
d’augmenter, atteignant 30 milliards d’euros pour la seule année
2010. Elles ont été justifiées depuis vingt ans au nom de la
croissance et de l’emploi.Or, dans le même temps, le chômage
n’a cessé de grimper. Force est de le constater : tous les candidats,
y compris ceux qui se réclament de la défense des intérêts ouvriers
et populaires, restent prisonniers du cadre imposé par le FMI,
l’Union européenne, la Banque centrale européenne.
Nous avons publié tous les chiffres dans notre journal Informations
ouvrières. Il n’y a pas de déficit de la Sécurité sociale.
Que les exonérations accordées aux patrons (316 milliards
en dix-neuf ans) soient restituées à la Sécu, et le problème serait
réglé. La Sécurité sociale est une conquête de la classe ouvrière.
Elle est financée par le salaire différé. Elle appartient aux
travailleurs.Quiconque se réclame des intérêts ouvriers ne devrait il
pas dire clairement : « Retour à la Sécurité sociale de 1945 fondée
sur la solidarité ouvrière,abrogation des exonérations patronales,
la Sécu doit rester la propriété des travailleurs ! »
Certes, à la sortie du sommet social, les représentants
des organisations qui participaient ont clairement dit leur refus
de la TVA sociale.Mais, il faut bien constater que tous sont invités
à la mise en place du Haut Conseil sur le financement de la Sécurité
sociale.Tous sont invités à venir y faire leurs propositions.
Répétons-le, rien ne justifie la moindre réforme du financement
de la Sécurité sociale.Une seule mesure : l’annulation
des exonérations, le retour de l’argent de la Sécurité sociale
entre les mains de la classe ouvrière, posant donc toute la question
de l’indépendance du mouvement ouvrier.
6. Pourquoi le Parti ouvrier indépendant a-t-il choisi
de ne pas présenter de candidat à l’élection présidentielle ?
Pour les capitalistes, les banquiers, les spéculateurs, les agences
de notation, cette élection présidentielle présente l’immense
avantage de se limiter à désigner celui qui sera le plus efficace
pour appliquer les plans de l’Union européenne, de la Banque
centrale européenne, du Fond monétaire international grâce
aux pouvoirs que lui confèrent les institutions antidémocratiques
de la Ve République.
Le suffrage universel perd, dans ces conditions, sa signification
d’expression de la volonté démocratique. Le débat est biaisé,
la communication prend le pas sur le fond et les idées.
Le citoyen est bafoué, la souveraineté du peuple piétinée, au nom,
précisément, du suffrage universel. Nous avons estimé qu’en ne
présentant pas de candidat, nous rendrons plus claire et plus nette
la nécessité de rejeter ces institutions antidémocratiques,
de rompre avec l’Union européenne et de jeter les bases
d’une authentique démocratie. Avons-nous eu raison ?
Au-delà, le débat porte sur : qu’est-il possible de faire pour sortir
de cette situation ? Pour notre part, nous estimons que la rupture
nécessaire avec la politique de destruction généralisée passera par la mobilisation du peuple et de la jeunesse : la mobilisation
de la classe ouvrière sur son propre terrain de lutte de classe,
la mobilisation des élus contre les plans d’austérité, quelle que soit
la couleur politique du gouvernement qui les impose.
Cette question n’est pas seulement française, elle est européenne.
C’est le sens de l’appel lancé à la tribune du meeting
internationaliste organisé le 1er octobre 2011 par le POI
en commun par des militants ouvriers et des responsables
venus de Grande-Bretagne, d’Allemagne, de Grèce, d’Irlande,
d’Espagne, du Portugal, de France.
7. Est-il possible de se fixer un autre objectif que d’ouvrir la voie
à la reconstruction du pays, de l’économie, de la démocratie ?
Tous les travailleurs peuvent faire le calcul : les milliers
de milliards d’euros déversés à guichets ouverts pour les banquiers
et les spéculateurs ne pourraient-ils être mis à profit pour créer
des millions d’emplois ? Ne serait-ce que pour construire
les millions de logements nécessaires, les hôpitaux ou les écoles.
Ce serait non seulement répondre à des besoins sociaux vitaux,
mais porter un coup d’arrêt à la vague de chômage, de misère, de
précarité, de pauvreté qui s’étend de jour en jour. Est-ce possible ?
Qui oserait prétendre qu’il est impossible de mettre en oeuvre
une politique qui parte des besoins de la population et pas
des besoins des spéculateurs ?
8.Quelles sont les premièresmesures qui permettraient immédiatement
de répondre aux besoins les plus urgents du peuple ?
N’importe quel travailleur peut en dessiner les contours. Il s’agirait
de toute évidence d’abord d’annuler la dette et de rompre avec les
traités de Maastricht, Lisbonne, Amsterdam et les institutions de
l’Union européenne, du FMI et de la Banque centrale européenne.
Impossible de répondre aux besoins du peuple sans prendre
les mesures visant à stopper la saignée des destructions d’emplois
en décrétant l’interdiction des licenciements et des délocalisations,
l’arrêt de la révision générale des politiques publiques (RGPP),
le rétablissement des centaines de milliers d’emplois supprimés
dans les hôpitaux, écoles, bureaux de poste.
Impensable de répondre aux besoins du peuple sans porter un coup
d’arrêt aux privatisations, sans procéder à la renationalisation
des services publics et sans rétablir la Sécurité sociale sur ses bases
de 1945. Répondre aux besoins du peuple impliquerait tout autant,
de manière urgente, d’abroger les contre-réformes, à commencer
par celles des retraites, de faire respecter la stricte séparation
des Eglises et de l’Etat.
9.Mais quel gouvernement serait à même de prendre de telles mesures ?
Un gouvernement qui n’hésiterait pas à confisquer les avoirs
des banques, les fusionnant en une banque unique sous le contrôle
de l’Etat pour en faire un instrument au service d’une politique
de création d’emplois permettant à chacun de vivre dignement
de son travail et de son salaire dans le cadre des garanties
collectives.Un tel gouvernement, qui n’hésiterait pas à briser
le carcan imposé par la troïka (FMI,UE, BCE) au service des
capitalistes, ne peut être porté au pouvoir que par la mobilisation
de millions et de millions pour imposer une politique partant
de leurs besoins. Seule une telle mobilisation pourra imposer
un gouvernement qui se donnera les moyens de balayer
les institutions antidémocratiques de la Ve République et de
l’Union européenne dont la seule fonction est de perpétuer
l’oppression du peuple et l’exploitation de la classe ouvrière.
10. Est-ce possible dans le cadre de ces institutions ?
Partisan du suffrage universel, conquête de la démocratie,
le Parti ouvrier indépendant se prononce pour l’élection
d’une Assemblée constituante souveraine qui lui redonnera
toute sa signification démocratique.
Une telle Assemblée, composée de délégués élus et mandatés,
redonnera son véritable sens à la souveraineté populaire
dans la mesure où elle prendra entre ses mains, sur la base
du mandat qui lui a été confié, le pouvoir d’établir les institutions
libres qui briseront la dictature de la troïka et établiront
une authentique démocratie.
11.Que propose le Parti ouvrier indépendant ?
LE POI A PRIS TROIS INITIATIVES:
Il a apporté son soutien à la conférence du 26 novembre
à l’initiative de 160 militants ouvriers, conférence qui a placé
en son centre la défense de l’indépendance du mouvement ouvrier
dont le rôle n’est pas d’accompagner les plans de la troïka :
sa responsabilité, au contraire, est de défendre, pied à pied,
l’ensemble des revendications ouvrières, conquêtes, acquis et de
se dresser contre toute tentative de l’entraîner dans la gouvernance
ou ce que d’autres appellent aujourd’hui la « coproduction».
D’autre part, le POI présente 103 candidats aux élections
législatives sur les mots d’ordre décidés par son congrès :
– Non à la dictature de la troïka !
– Dehors l’Union européenne, le Fondsmonétaire international,
la Banque centrale européenne !
– A bas les institutions de la Ve République, Assemblée constituante,
maintenant, tout de suite pour rétablir la souveraineté du peuple,
établir la démocratie, ouvrir la voie à un gouvernement d’urgence
de sauvegarde du peuple travailleur et de la démocratie.
Il s’agit d’aider à l’enracinement et à la construction d’un
authentique parti ouvrier indépendant, un parti dont la politique
est dictée par les seuls intérêts des opprimés et des exploités,
et non par les exigences des banquiers.
Sur le plan de la démocratie communale, nous avons apporté notre soutien à la mobilisation desmaires et des élus qui, à plusieurs centaines, ont préparé, soutenu,mandaté la délégation conduite par Gérard Schivardi,maire de Mailhac,
qui s’est rendue au ministère de l’Intérieur le 19 décembre
pour faire prévaloir l’exigence du respect de la libre organisation
des communes et le refus de l’intercommunalité forcée.
12. Pourquoi ces assemblées-débats ?
C’est pour oeuvrer à l’ouverture d’une issue politique dans cette
direction que le POI propose de faire de son journal Informations
ouvrières une large « tribune libre de la lutte des classes »
permettant d’approfondir ce débat et engage une campagne
d’organisation d’assemblées-débats dans tout le pays.
Que l’on partage tout ou partie des positions du Parti ouvrier
indépendant, cette discussion ramène au point de départ :
comment aider au groupement des travailleurs, des militants,
des élus, des républicains et de tous les démocrates qui sont
déterminés à faire prévaloir les exigences démocratiques
et les revendications de la population et de la jeunesse ?
Comment aider à réaliser, en toutes circonstances et sous
toutes les formes, l’unité des travailleurs,des organisations
et de la jeunesse,une unité scellée sur les aspirations
et les revendications les plus urgentes ?
Le Parti ouvrier indépendant exprime ses positions et les soumet
à la discussion, car il ne prétend pas dicter des solutions toutes
faites et les imposer.Débattre le plus largement possible de celles-ci
ainsi que des moyens d’action, c’est le seul moyen de contribuer
à réaliser les conditions d’une véritable victoire conforme
aux aspirations de la population laborieuse.
La situation est sans aucun doute difficile. Les plus grands combats
sont à l’ordre du jour. C’est la raison qui nous a conduit à fonder
ce parti, le Parti ouvrier indépendant, qui arbore ses objectifs
dans sa devise «Pour le socialisme, la République et la démocratie. »
C’est pourquoi nous invitons sans tarder tous ceux qui en partagent
les objectifs à nous rejoindre pour renforcer ensemble ce travail
de construction d’un authentique parti ouvrier indépendant.
Mais le but de ces assemblées-débats va au-delà du nécessaire
renforcement du Parti ouvrier indépendant.Nous comprenons
que le regroupement des forces pour les luttes de classe à venir
n’est pas, et ne sera pas, chose aisée. Il s’agit d’oeuvrer patiemment
par le libre débat, à jeter les bases de l’unité ouvrière, du front
uni des travailleurs et de leurs organisations sur la base
des authentiques revendications. Les uns et les autres peuvent
avoir, concernant la prochaine élection présidentielle, des points
de vue différents. Cela ne doit pas être un obstacle à la réalisation
de l’unité dans le combat pour la défense et la reconquête
de la démocratie.
Le Parti ouvrier indépendant ne fait pas de l’acceptation de sa politique
le préalable à tout accord. C’est pourquoi nous invitons largement
travailleurs, militants et jeunes de toutes tendances à venir poursuivre
ce débat dans ses assemblées, à le poursuivre dans les colonnes
d’Informations ouvrières, tribune libre de la lutte de classe, hebdomadaire
du Parti ouvrier indépendant.
Et ainsi, sous toutes les formes, aider à faire progresser la cause de la justice,
de la civilisation et de la lutte contre la barbarie et la régression sociale.
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