Réuni le 9 janvier 2010, le bureau national, a discuté des propositions qui pourraient être soumises au congrès national.
La campagne de reprise des cartes 2010 est le premier élément de réussite du congrès. Par la discussion organisée avec chaque adhérent, les comités recensent les préoccupations, aspirations, critiques et propositions qui permettent de mieux définir à tous les niveaux ce que doit être une politique indépendante conforme aux besoins de la classe ouvrière.
Les propositions que le bureau national soumet pour le congrès national peuvent être immédiatement discutées dans les assemblées préparatoires, dans les congrès départementaux et également avec chaque adhérent sollicité pour reprendre sa carte. Ensemble, les 8 167 adhérents du Parti Ouvrier Indépendant préparent ainsi le deuxième congrès du parti.
Dans quelle situation ?
L’année 2010 s’annonce difficile pour la classe ouvrière. Olivier Blanchard, chef économiste du Fonds Monétaire National ne s’en cache pas : « Le chômage (…) va rester fort pendant longtemps. En 2012, nous fixons son taux autour de 10 % dans la zone euro ». Marek Belka, directeur du département Europe du FMI, met les points sur les i : « Dans une union monétaire, un pays ne peut pas combattre la crise à coups de dépréciations. Il doit reconstituer sa compétitivité par un ajustement des prix industriels, ce qui, hélas, signifie souvent des baisses salariales.»
On appréciera la sincérité de ce « hélas ». En réalité, des milliers de milliards d’euros ont été déversés par les gouvernements au service des grandes entreprises, des banques et des patrons. « Si les banques centrales ont inondé les marchés de liquidité, les États de leur côté ont été contraints de s’endetter dans des proportions jamais vues. Pour sauver les banques de la faillite (…) aider les entreprises à boucler leurs fins de mois, ils ont du dépenser des milliers de milliards de dollars qu’ils ne possédaient pas » (Le Monde, 27 décembre). Ces milliers de milliards de dollars (et d’euros) ont été largement alimentés par la « planche à billets », faisant gonfler de manière considérable la dette de l’État. En France, selon les derniers chiffres de l’INSEE, la dette publique a augmenté de 173 milliards d’euros (plus 14 %) en une seule année !
Ces sommes gigantesques, patrons et banquiers les ont utilisées pour licencier à tour de bras pour dépecer, briser, restructurer et spéculer de plus belle. Tous les « spécialistes » prévoient l’éclatement prochain d’une nouvelle bulle spéculative et un nouvel effondrement économique (l’INSEE prévoit 126 000 destructions d’emplois supplémentaires au 1er semestre 2010). Et cette faillite du système capitaliste, le gouvernement prétend la faire supporter à la classe ouvrière et à la jeunesse, en s’en prenant tout à la fois à leur emploi et par ce biais là à leur salaire direct ; mais aussi à tout ce que la lutte de classe a imposé et a intégré à la valeur de la force de travail, ce salaire indirect sous la forme de la sécurité sociale, des retraites, code du travail, les statuts. Par tous les bouts, c’est directement sur la force de travail, dans son pillage que le gouvernement prétend dégager les fonds nécessaires au financement du pillage capitaliste et de sa gabegie.
Le 14 décembre, lançant le grand emprunt (préparé par Juppé et Rocard !), Sarkozy l’a ouvertement présenté comme « un levier pour mobiliser les initiatives privées », précisant que les « intérêts de l’emprunt (…) seront immédiatement gagés sur des économies supplémentaires dans les finances de l’Etat ». Dans la foulée, il annonce pour janvier « une conférence sur les déficits de la France qui réunira les représentants de l’Etat, de la sécurité sociale et des collectivités locales » afin d’arriver à un « diagnostic partagé avant le printemps ou plus probablement peu après les élections régionales de mars ».
Son conseiller, Alain Minc, l’a dit encore plus nettement : « Le problème de l’endettement est patent (…) il est temps d’envoyer un signal très fort au monde » et « d’allonger la durée des cotisations » des retraites !
Ainsi donc, suivant la méthode qui est la sienne en toute chose, le gouvernement Sarkozy convoque une conférence sur le déficit, destinée à associer élus des partis de « gauche » et administrateurs de la sécurité sociale à un « diagnostic partagé » prolongé par … la mise en pièce du système de retraite… Tout cela pour permettre aux patrons de continuer à spéculer, à licencier… et à profiter de la crise (en 2009, pleine année de crise, il y a eu officiellement près de 700 000 suppressions d’emplois en France, mais l’indice CAC40 de la Bourse de Paris a progressé de 22,3 %, et ainsi « presque entièrement gommé les pertes subies depuis la faillite de la banque Lehman Brothers en septembre 2008 » (Le Monde du 2 janvier)
Dans ces conditions, quelles pourraient être les propositions discutées au deuxième congrès du POI ?
D’abord, établir que la seule position ouvrière possible est : il n’y a d’issue que dans l’indépendance de classe, la sauvegarde de la classe ouvrière. Ce n’est pas à la population, ce n’est pas aux travailleurs et à la jeunesse de payer la crise !
C’est ce que nous n’avons cessé de dire depuis un an en combattant pour l’unité des organisations qui se réclament de la classe ouvrière pour l’interdiction des licenciements. Tournant le dos à cette exigence, pourtant vitale, les dirigeants de ces partis se sont engagés dans les états généraux pour une politique industrielle convoqués par Sarkozy, et dans lesquels ils participent à l’accompagnement des destructions d’emplois. Pire encore, à l’occasion des élections régionales qui viennent, ils rivalisent tous de propositions pour une bonne « gouvernance régionale » qui participe de la destruction des droits et garanties communs à toute la classe ouvrière.
Le rassemblement du 28 novembre a marqué une étape dans le combat pour l’interdiction des licenciements. L’importance des 240 délégations d’entreprises représentées, la diversité des camarades qui ont pris la parole à la tribune constituent un point d’appui dans une situation où, nous le savons, les licenciements sont appelés à tomber avec une violence sans précédent tout au long de l’année 2010. La proposition a été faite de réunir la délégation permanente, constituée par la tribune de la conférence de Puteaux, dans les toutes prochaines semaines. Les camarades seront amenés à dresser le bilan. Où en est la classe ouvrière face à la vague de licenciements ? A quels problèmes est-elle confrontée ? Quels résultats de l’activité engagée depuis le 28 ? Vient d’être rendu public le « rapport d’étape sur les états généraux de l’industrie ». Dans ce rapport, qui fait la synthèse des discussions des états généraux régionaux, l’accent est mis sur « la rentabilité insuffisante des entreprises ». Pourtant, selon le rapport, celles-ci bénéficient, selon le rapport, de « facteurs favorables » comme les « dispositifs d’aide (soutien financier direct ou dispositifs fiscaux favorables) » mis en place par « les pouvoirs publics français ». Mais, toujours selon le rapport, les entreprises sont frappées par des « facteurs pénalisants » que sont « les cotisations sociales » et « le coût horaire de la main d’œuvre ». Conclusion : il faut « inscrire les évolutions du coût du travail dans une perspective de compétitivité » et financer les patrons pour qu’ils « relocalisent ». La délégation permanente sera amenée à reposer la question : comment comprendre la participation des dirigeants des partis « de gauche » à ces états généraux : dès lors qu’ils n’ont pas formulé le préalable de l’interdiction des licenciements, peuvent-ils être conduits à autre chose que ces conclusions contraires aux intérêts des ouvriers. Il reviendra à la délégation permanente à faire des propositions sur la suite du combat permettant à tous les comités pour l’unité pour l’interdiction des licenciements, dans le respect des positions de chacun, de redéployer cette indispensable campagne de front unique, qui s’adresse tout à la fois à l’ensemble des travailleurs et aux responsables des partis qui affirment représenter leurs intérêts.
Nous le savons, toutes les contre réformes du gouvernement Sarkozy sont liées entre elles.
- La contre réforme territoriale qui en disloquant le cadre de la Nation et de la République vise tout à la fois à livrer au pillage et au dépeçage des Veolia, Bouygues, Vinci, Suez, tous les pans de la propriété publique qui peuvent dégager des profits pour ces prévaricateurs ; à briser, pour le plus grand profit des exploiteurs, le cadre commun des droits et garanties qui font l’unité de la classe ouvrière de notre pays (un seul code du travail, un seul régime de sécurité sociale, etc.) ; et a liquider la cellule de base de la démocratie politique et de la République que constitue la commune, dans le cadre des « régions » de l’Union européenne.
- La contre réforme des retraites annoncée pour la rentrée de septembre et qui fait suite aux contre réformes précédentes, etc
Notre position comme Parti Ouvrier Indépendant : rien ne saurait justifier qu’un seul centime de plus soit prélevé sur le dos des travailleurs et de la jeunesse pour renflouer les spéculateurs.
Il faut que les patrons restituent les millions qu’ils doivent à la Sécurité sociale et que les négociations s’engagent pour l’augmentation immédiate des salaires et des pensions.
Certes, la situation n’est pas facile. La lutte de classe se confronte a de nombreux obstacles, que ce soient les états généraux de l’industrie, les journées d’action saute-moutons ou les opérations du type votation de la poste ou les prétendus « états généraux » des services publics. Pour autant, les travailleurs ne peuvent renoncer à réaliser les conditions d’un combat de classe dont dépend leur survie. Cette recherche, cette volonté, ils l’expriment sur le terrain même de la lutte de classe, comme ils l’exprimeront, sans aucun doute, dans l’abstention massive aux élections régionales.
Les travailleurs ont besoin qu’un parti authentiquement ouvrier et indépendant formule des propositions pour les conforter dans leur refus légitime de payer par leur salaire, leur sécurité sociale, leur emploi, leur retraite, leurs services publics les milliards de la spéculation.
C’est en relation avec cette recherche qu’au congrès, nous discuterons de notre position dans les élections régionales. Pouvons-nous au congrès décider sur cette ligne, avant les élections régionales la tenue de meetings ou d’assemblées dans les départements ou les localités sous la forme que décideront les comités où nous serons amenés à dire :
Il y a urgence à arrêter cette politique de destruction dictée par l’Union européenne et appliquée avec zèle par le gouvernement Sarkozy. Pour notre part, nous, POI, nous disons rien n’est plus important, rien ne devrait être plus important aux yeux de quiconque se réclamant des intérêts ouvriers.
Les travailleurs le savent : ce n’est pas dans les élections régionales que l’issue sera trouvée. Chacun peut constater le spectacle lamentable de tous ces partis, dits de « gauche », qui se déchirent entre eux et de manière interne, sur la répartition des postes dans les futurs exécutifs régionaux mais qui, tous, acceptent le cadre même de la « gouvernance régionale ». Tous parlent de « politique régionale », de « gouvernance régionale » et proposent différents moyens par lesquels, dans le cadre des régions, ils pourraient participer au démantèlement des services publics ou accompagner les plans de licenciements ou précariser la jeunesse. N’est-ce pas aider le gouvernement Sarkozy que de participer à cette gouvernance régionale totalement reliée à la politique du gouvernement au plan national ? Pour notre part, nous combattons ce système des régions, car c’est celui de l’éclatement et de la dislocation des droits. Ce système des régions, c’est celui proposé par l’Union européenne et du traité de Lisbonne pourtant rejeté massivement par le peuple le 29 mai 2005 et auxquels tous se soumettent aujourd’hui, y compris ceux, qui, à l’époque, avaient appelé à voter non. Pour notre part, nous, Parti Ouvrier Indépendant, nous estimons qu’il n’y a rien à attendre de ces élections régionales. C’est pourquoi, nous faisons le choix de ne pas y participer, car nous nous situons sur le terrain de la défense des droits égaux de la classe ouvrière, le terrain de la République une et indivisible, le terrain de la rupture avec l’Union européenne.
Concernant la question de l’unité pour la sauvegarde de la classe ouvrière et ses organisations, pouvons-nous au congrès national lancer un appel à l’unité contre toute contre réforme s’en prenant aux régimes de retraites ? Bien évidemment, comme POI, nous avons nos propres positions : abrogation des contre réformes précédentes, retour aux 37,5 annuités pour tous, défense de tous les régimes (général, spéciaux, particuliers) et du code des pensions civil et militaire. Mais, tout en réaffirmant ces positions, le POI peut-il dans son deuxième congrès proposer l’unité pour une manifestation nationale sur un seul mot d’ordre : ne touchez pas à nos retraites, aucune réforme, aucune prétendue négociation de discussion sur une prétendue réforme nécessaire. Le POI peut-il, sur cette base, dès son congrès, fixer une date de manifestation nationale sur ce mot d’ordre avant l’été, en appeler aux travailleurs, et organisations de toutes tendances à réaliser l’unité sur cette base, et en ce qui nous concerne engager toutes nos forces dans la préparation d’une telle manifestation.
Loin de s’y opposer, une telle proposition s’articulerait pleinement avec l’ensemble des autres initiatives sur lesquelles des propositions ont été faites ou sont en cours de l’être pour le congrès, en particulier la campagne pour l’interdiction des licenciements et plus une seule suppression de poste. Mais aussi les initiatives spécifiques sur la question de la fonction publique, de la santé (comme les ARS), de la reconquête du monopole des services publics, l’école, de la poste et télécom, du logement ou encore bien sur de la poursuite de la campagne pour l’interdiction des licenciements. Pas davantage cette proposition ne s’oppose-t-elle à la poursuite et à l’élargissement des campagnes engagées localement par les comités, en particulier contre les mesures imposées par les municipalités, départements et régions « de gauche » qui relaient la politique de Sarkozy aussi bien dans l’imposition locale que dans la privatisation des services publics ou encore la remise en cause du logement HLM. Pas davantage qu’elle ne s’oppose aux mesures que nous discuterons et prolongerons concernant la campagne en direction des élus pour la libre administration des communes, pour le retrait de la réforme territoriale ou encore les initiatives prises pour le retrait des troupes françaises d’Afghanistan ou la préparation de la Conférence Mondiale Ouverte d’Alger.
Mais il nous semble que dans une situation où le gouvernement prétend placer l’année 2010 sous le signe d’une « réforme des retraites » qui concentre sa volonté de faire payer aux travailleurs le coût de la spéculation et de la destruction des emplois, il revient au POI de combattre pied à pied pour la réalisation de l’unité contre toute réforme des retraites. Et, en affirmant dès le départ, en tout état de cause : cette manifestation nationale devra avoir lieu avec la participation de tous ceux, militants, courants, organisations, qui décident de franchir le pas du front unique pour cette cause commune de toute la classe ouvrière.
Voilà en substance ce que le BN souhaite soumettre aux comités et aux congrès départementaux avant le congrès national. Voila ce sur quoi il propose d’ouvrir la discussion au congrès national. Discutez-en. Soumettez ces propositions aux congrès départementaux. C’est au congrès national souverain que conformément aux règles de la démocratie ouvrière qui sont les nôtres, reviendra la décision.